Reportage photos sur l’entrepreneuriat des femmes et l’autonomisation, en lien avec les droits des femmes, l’éducation tout au long de la vie et le droit à un emploi décent.
L’autonomisation des femmes et leur pleine participation à la vie économique sont essentielles pour bâtir des sociétés plus équitables et prospères. Au Bénin et au Cameroun, des initiatives innovantes menées par des organisations comme le Réseau d’Appui aux Initiatives Locales (RAIL), l’Association des Personnes Rénovatrices des Technologies Traditionnelles (APRETECTRA) et Promhandicam, avec l’appui du Programme CLÉ, ouvrent de nouvelles perspectives pour les femmes entrepreneures.
Ce reportage photos met en lumière des parcours inspirants illustrant comment l’accès à l’éducation, à la formation professionnelle et à l’entrepreneuriat permet aux femmes de s’émanciper et de contribuer pleinement au développement de leurs communautés.
Dans un premier temps, commençons par un exemple concret au Bénin. Au-delà des aspects techniques, le RAIL propose certaines formations en entrepreneuriat entièrement destinées aux femmes. Les participantes apprennent à élaborer un plan d’affaires, à gérer leur comptabilité et à commercialiser leurs produits. Marie-Josée Fortier, volontaire du Programme CLÉ ayant contribué à améliorer le parcours de formation, souligne l’importance de ces compétences pour transformer une activité agricole en véritable entreprise pérenne.
© Programme CLÉ / Mireille Chayer,
Photo d’un groupement de femmes en formation avec le RAIL, Bénin
Au Cameroun, comme dans plusieurs pays africains, la couture représente une opportunité d’auto-emploi importante pour de nombreuses femmes ne pouvant travailler en dehors de leur foyer. Cette réalité étant encore plus importante pour les femmes vivant avec un handicap. Puisque leur commerce se fait depuis leurs maisons respectives, elles se doivent de redoubler d’efforts en ce qui concerne le marketing. Grâce aux incubateurs d’entreprises soutenus par Promhandicam au Cameroun, ces femmes vivant avec un handicap bénéficient d’un programme de formation pour amplifier leurs activités. Ce projet vise à ce que ces femmes puissent augmenter la visibilité et la commercialisation de leurs produits et services.
L’Association Promhandicam œuvre pour l’épanouissement et l’intégration socio-économique des personnes handicapées, dont plusieurs femmes. Pierre Vallée, volontaire en appui à l’Association mentionne que les personnes accompagnées par l’organisme “ croient fermement en ce qu’elles font, et que l’activité économique dans laquelle elles travaillent est une source de bonheur, mais également leur occupation et leur revenu principal. Elles ont une grande satisfaction à travailler et pouvoir gagner leur vie même en ayant un handicap qui, parfois, les limite au quotidien de différentes manières. Ce sont des battantes (au féminin) puisque les entrepreneurs sont en majorité des femmes dans une proportion d’environ 80 %. […] Dans une économie informelle telle qu’elle existe au Cameroun, il s’avère fort difficile d’élaborer une étude de marché sans faille. “ C’est dans ce contexte de parcours de formation que Pierre a appuyé Promhandicam, en partageant son expertise en entrepreneuriat auprès de l’organisme. Dans l’avenir, l’organisme espère continuer d’améliorer son accompagnement afin qu’il réponde encore mieux aux besoins spécifiques de ce type de situation.
© Programme CLÉ / Pierre Vallée,
Photo d’une femme couturière dans un atelier/magasin (à gauche) et d’une couturière oeuvrant de son domicile (à droite), photos prises dans le cadre de visites d’entrepreuneures, Promhandicam, Cameroun
Un incubateur d’entrepreneures maraîchères
Au cœur de Porto-Novo au Bénin, le Jardin-école du RAIL est devenu un véritable incubateur pour les femmes souhaitant se lancer dans le maraîchage biologique. Sur cet espace de 1600 m², de nombreuses femmes apprennent les techniques de culture écologique, de la préparation du sol à la gestion des nuisibles. Le projet vise à renforcer la résilience alimentaire des communautés tout en offrant des opportunités d’entrepreneuriat aux femmes.
© Programme CLÉ / Mireille Chayer,
Photo de femmes en formation au Jardin-école travaillant l’irrigation des plants, Jardin-école du RAIL, Bénin
L’expertise agronomique au service de l’entrepreneuriat durable
Le Jardin-école bénéficie de l’appui technique de volontaires comme Mathieu Quenum, un volontaire du Programme CLÉ qui a permis d’approfondir les connaissances en agriculture biologique du formateur du Jardin-école. L’animateur-formateur du jardin explique que les femmes sont formées à des techniques comme le compostage et la lutte biologique contre les ravageurs. Ces méthodes respectueuses de l’environnement leur permettent de développer des entreprises maraîchères durables.
© Programme CLÉ / Mireille Chayer,
Photo d’élèves du Jardin-école travaillant l’irrigation des plants, Jardin-école du RAIL, Bénin
L’émancipation économique des femmes ne devrait pas s’arrêter avec la maternité. Le programme du RAIL reconnaît l’importance cruciale pour les femmes de maintenir ou d’acquérir une indépendance financière, même après être devenues mères. En proposant des formations adaptées qui permettent aux mères de participer, avec ou sans leurs jeunes enfants, le RAIL soutient activement le droit des femmes à un emploi décent, tel que défini par l’Organisation Internationale du Travail et ONU Femmes.
Cette approche inclusive reconnaît que le travail décent implique non seulement un revenu équitable, mais aussi la sécurité sur le lieu de travail et une protection sociale pour les familles. En permettant aux mères de continuer à développer leurs compétences entrepreneuriales, le programme contribue à briser le cycle de la dépendance économique qui touche souvent les femmes après la naissance d’un enfant.
Cette initiative s’aligne sur l’Objectif de Développement Durable 8 des Nations Unies, qui vise à promouvoir une croissance économique soutenue, partagée et durable, le plein emploi productif et un travail décent pour tous. Elle démontre qu’avec le soutien approprié, la maternité peut être conciliée avec le développement professionnel et l’autonomisation économique des femmes.
© Programme CLÉ / Mireille Chayer,
Photo d’une mère en formation au Jardin école avec son bébé, Jardin-école du RAIL, Bénin
Le parcours d’Adjibola Bamidele Omonike Apoline Moulikatou illustre parfaitement le potentiel de l’entrepreneuriat féminin. Formée initialement en journalisme, elle s’est reconvertie dans la pisciculture avec l’appui du RAIL. Aujourd’hui à la tête d’une entreprise florissante, elle partage son expérience en tant que mentore auprès de jeunes collégiennes.
« J’ai appris à surmonter les obstacles, à innover constamment et à avoir une vision à long terme. Être entrepreneure demande un mental d’acier, mais c’est tellement gratifiant de voir son projet grandir », témoigne Adjibola.
L’accompagnement des organisations comme l’ONG RAIL intègre presque toujours le renforcement des compétences de vie dans leur parcours de formation entrepreneurial. Les compétences de vie sont essentielles afin de soutenir les femmes dans le développement de leur leadership, leur confiance en elles et leur capacité à prendre des décisions. En plus d’augmenter leurs connaissances sur leurs droits et l’égalité de genre, ce type d’accompagnement soutient ultimement leur pouvoir d’agir sur leur vie, mais aussi dans leur communauté.
© Programme CLÉ / Miriane Demers-Lemay,
Photo d’Adjibola, entrepreneure piscicole, appuyée par le RAIL, Bénin
L’APRETECTRA promeut le modèle coopératif comme vecteur d’autonomisation des femmes. Mauricia, productrice de jus de fruits, en est un parfait exemple. Avec son entreprise spécialisée dans la production d’épices et de jus, elle a rejoint la coopérative Étoile Brillante. Les coopératives, comme celles-ci, permettent aux membres de mettre leurs ressources en commun pour acheter et vendre ensemble. Ce modèle d’affaires contribue ainsi à augmenter la liberté d’agir et l’autonomie financière des femmes.
Grâce à ce choix, Mauricia a pu développer davantage son entreprise et augmenter ses revenus. Ensemble, les femmes sont plus fortes pour négocier et commercialiser leurs produits.
© Programme CLÉ / Mireille Chayer,
Photos de Mauricia prises à la Coopérative de jus, APRETECTRA | Coopératives de femmes, Bénin
L’APRETECTRA œuvre également pour l’inclusion des femmes et des hommes en situation de handicap dans l’entrepreneuriat. Karine Assou, tisserande et mentore, en est l’illustration : « Un handicap n’empêche pas de travailler. Être entrepreneure, c’est dans la tête ! Je montre aux autres femmes qu’elles peuvent réussir, quel que soit leur parcours. » Cette approche met en lumière comment la confiance en soi est un facteur clé pour se lancer en affaires. Elle permet de surmonter les obstacles, particulièrement pour les personnes en situation de handicap qui doivent souvent faire face à des préjugés supplémentaires.
© Programme CLÉ / Miriane Demers-Lemay,
Photo de Karine à propos du handicap, les femmes et l’entrepreneuriat avec l’APRETECTRA, Bénin
Ces parcours inspirants démontrent que l’entrepreneuriat, soutenu par des formations adaptées et un accompagnement de qualité, est un puissant vecteur d’autonomisation pour les femmes. En leur donnant accès à l’éducation tout au long de leur vie et en renforçant leurs compétences entrepreneuriales, des organisations comme le RAIL, l’APRETECTRA et Promhandicam contribuent concrètement à la réalisation des droits des femmes, notamment le droit à un emploi décent et à une vie digne.
Chaque femme, quelles que soient ses origines ou sa situation, mérite la possibilité de s’épanouir pleinement et de contribuer à bâtir un monde meilleur. Les initiatives présentées ici montrent que c’est possible, en alliant formation, accompagnement et valorisation des talents de chacune. Elles ouvrent la voie à des sociétés plus équitables, où l’entrepreneuriat féminin est reconnu comme un moteur essentiel du développement durable.
Merci à nos coopérant-e-s pour leurs photos :
– Mireille Chayer, conseillère en production audiovisuelle et création de contenu pour le Programme CLÉ ;
– Pierre Vallée, Cameroun, coopérant volontaire en entrepreneuriat avec le Programme CLÉ ;
– Miriane Demers-Lemay, Bénin, journaliste indépendante.