Dans le cadre de la Semaine des enseignant-e-s 2023, le Programme CLÉ souhaite mettre en lumière ce rôle essentiel.
Découvrez Aïssatou Djibril Diallo, enseignante dans une école de formation technique et professionnelle, partenaire du Programme CLÉ en Guinée.
Bandiougou Keita, coopérant volontaire en égalité de genre et inclusion avec le Programme CLÉ est allé à sa rencontre !
Bandiougou Keita : Pouvez-vous vous présenter ?
Mme Aïssatou Djibril Diallo : « Je m’appelle Aïssatou Djibril Diallo, je suis chargée des cours d’appareils de mesure à l’Ecole Nationale des Postes et de Télécommunication (ENPT) de Guinée. Cet établissement relève du Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (METFP) qui est aussi un partenaire du Programme CLÉ. »
Bandiougou Keita : Selon vous, quels sont les grands enjeux d’égalité entre les femmes et les hommes dans le domaine de l’enseignement technique et professionnel en Guinée ?
Mme Aïssatou Djibril Diallo : « Il y a quelques années de cela, le principal défi se situait au niveau de l’accès des filles à l’éducation (scolarisation) mais d’après les dernières statistiques près de 52 % de filles sont scolarisées contre 47 % de garçons.
Nous constatons que les filles sont très minoritaires ou d’ailleurs totalement absentes dans certaines filières techniques et agro-pastorale telles que : la mécanique, la conduite d’engin lourd, l’agriculture, la chaudronnerie etc. Ce qui a pour conséquence de voir très peu de femmes enseignantes dans les filières techniques et professionnelles. Alors que ces filières sont aussi porteuses d’emplois et de croissance économique, ce qui permet de lutter contre la pauvreté.
Alors on se pose la question : qu’est-ce qui explique la régression des filles au cours de leur parcours scolaire ? Pour moi, la pauvreté y est pour beaucoup mais ce n’est pas la seule cause. En Guinée, les stéréotypes de genre sont visibles à plusieurs niveaux, y compris le milieu enseignant. Ce qui alimente des comportements discriminatoires et introduisent des barrières limitant l’accès des filles aux filières techniques et professionnelles. Les filles s’orientent vers les filières dévalorisées ou elles abandonnent car elles ont perdu confiance en elle. »
Bandiougou Keita : Quelles solutions proposeriez-vous pour avoir plus de femmes enseignantes dans le domaine de la formation technique et professionnelle ?
Mme Aïssatou Djibril Diallo : « Je trouve qu’il est vital d’inverser la tendance en se basant sur l’équité du genre qui signifie qu’un traitement impartial doit être accordé aux hommes et aux femmes en fonction de leurs besoins distincts. Ces traitements peuvent être identiques ou différents mais ils doivent être équivalents en termes de droit, d’opportunités et d’obligations.
Afin d’avoir plus de femmes enseignantes dans le domaine technique et professionnel, je pense qu’il faut :
✍️ Sensibiliser les parents et les potentielles apprenantes à s’orienter vers les filières du secteur primaire et secondaire qui sont jusque-là, moins fréquentées par les femmes
✍️ Proposer une politique de motivation des filles vers les écoles professionnelles. Par exemple en donnant des bourses d’études particulières aux meilleures étudiantes dans certaines filières (d’ailleurs, si on ne prend pas des dispositions, celles-ci risquent de se retrouver sans aucune femme à l’avenir)
✍️ Faire des plaidoyers afin que les décideur.e.s à tous les niveaux mettent en place des mécanismes d’encouragement des femmes enseignantes. Par exemple : proposer un plan de carrière, donner des formations de renforcement des capacités afin qu’elles soient plus compétitives, ce qui va permettre d’accroître leur pouvoir d’action
✍️ Donner des renforcements de capacités sur l’égalité de genre aux enseignantes et enseignants, cela pourrait aider à lutter contre les stéréotypes dans les pratiques des classes. »
Bandiougou Keita : Avez-vous d’autres choses à partager en lien avec les femmes et les filles dans le domaine de la formation technique et professionnelle ?
Mme Aïssatou Djibril Diallo : « Je ne saurais terminer sans remercier le Ministère de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle pour les réformes engagées en faveur de l’orientation et la représentation des filles/femmes dans les filières techniques et professionnelles.
Je remercie aussi le Programme CLÉ qui nous a donné une formation sur l’égalité de genre. Celle-ci va nous accompagner afin de faire face aux stéréotypes de genre dans les pratiques de classe. Je souhaite aussi que de telles actions puissent être multipliées pour le bonheur des femmes et des filles de la Guinée. »
Merci à Mme Aïssatou Djibril Diallo d’avoir répondu
aux questions de Bandiougou Keita !